Publié le 16 décembre 2024 dans Conférences

Conférence de Lison Fanuel
Voir les slides
Regarder la vidéo

Présentation de l’oratrice

Docteure en psychologie depuis 2018, elle a enseigné et mené des travaux de recherche en psychologie cognitive et en neurosciences. En 2022, elle a remis à niveau ses compétences en programmation web pour exercer comme développeuse web. Les liens entre la psychologie cognitive et le développement web l’on amener à l’accessibilité numérique avec un regard particulier sur la prise en compte des troubles cognitifs. Elle a rejoins Tanaguru en 2023 comme consultante en accessibilité numérique et développeuse web.

Accessibilité numérique ?

L’accessibilité numérique est de permettre aux personnes handicapées de percevoir, comprendre, naviguer et interagir avec les outils numériques. Et ce quel que soit le handicap : visuel, auditif, moteur, mental, cognitif ou psychique.

Un trouble cognitif est une altération des processus qui nous permettent d’acquérir et utiliser nos connaissances. Ce n’est ni un trouble psychiatrique, ni un déficit intellectuel.

D’où viennent les troubles cognitifs ?

  • Trouble du neurodéveloppement
  • Maladie neurologique
  • Traumatismes crâniens
  • Accident vasculaire cérébrale
  • Traumatismes psychologiques
  • Troubles psychiatriques
  • Vieillissement
  • Privation / troubles de sommeil
  • Médicaments et substances toxiques

La première prise en compte des troubles cognitifs dans l’accessibilité numérique date du 5 juin 2018.

Publication d’une nouvelle version WCAG 2.1 ajoutant 17 critères
supplémentaires pour inclure :

  • l’accessibilité sur mobile
  • Les personnes avec déficience visuelle
  • Les personnes avec des handicap cognitifs et d’apprentissage

Critères pour les troubles cognitifs

WCAG 2.1

  • Identifier la finalité de la saisie (1.3.5 – AA) + RGAA 4
  • Identifier la fonction (1.3.6 – AAA)
  • Délais d’expiration (2.2.6 – AAA) + RGAA 4
  • Animation résultant d’interactions (2.3.3 – AAA)

WCAG 2.2

  • Apparence du focus (2.4.13 – AAA)
  • Aide à la même place (3.2.6 – AAA)
  • Entrée redondante (3.3.7 – A)
  • Authentification accessible (3.3.8 – AA et 3.3.9 – AAA)

Principales fonctions cognitives

Les principales fonctions cognitives sont : l’attention, la mémoire, la perception, la praxies et le langage.

L’attention

Il faut réussir à sélectionner l’information importante, sans faire attention aux autres informations.

Il existe plusieurs troubles, comme le trouble déficit de l’attention, l’héminégligence (et anosognosie), …

Que faire ?

Faciliter l’identification des informations importantes
  • Hiérarchie de titres et structure de l’information (RGAA 9.1)
  • Identification visuelle des boutons, des liens (RGAA 10.6, partiellement)
  • Alignement des textes à gauche
  • Positionnement consistant des fonctionnalités à travers les pages (RGAA, partiellement)
Limiter les sources de distraction
  • Pas de médias à déclenchement automatique, ni d’animations (RGAA 13.8, partiellement)
  • Limiter la quantité d’information par page (une page = une information)
  • Découper séquentiellement l’information (par exemple, un formulaire en plusieurs étapes simples)

La mémoire

La mémoire permet d’enregistrer, stocker et récupérer des informations.

Que faire ?

Donner des repères de navigation
  • Titre des pages explicites et distinctifs (RGAA 8.6),
  • Identifier la page courante dans le menu, fil d’Ariane (critères AAA du RGAA)
Ne pas se reposer sur la mémoire
  • Éviter les délais d’expiration (RGAA 13.1)
  • Rendre les informations consultables à tout instant
  • Prévoir un moyen de récupération de mot de passe
Faciliter la mémorisation
  • Structurer l’information, respecter une arborescence logique
  • Multimodalité des informations (visuelles, auditives, imagées, textuelles)

Le langage

Le langage est un ensemble de messages construits à partir de symboles et de règles

Que faire ?

Utiliser un langage simple et clair
Permettre une présentation alternative des informations écrites et orales
  • Pour l’information écrite : s’assurer de la compatibilité avec les lecteurs d’écrans et synthétiseurs vocaux
  • Pour l’information orale : sous-titrage (RGAA 4.3) et transcription textuelle (RGAA 4.1)
Éviter les bruits parasites, non sollicités (langage oral)
  • Éviter le contenu audio en déclenchement automatique (RGAA 4.10) et les fonds sonores décoratifs
  • Permettre le contrôle des médias audio et vidéo avec pistes sonores (RGAA 4.11), notamment la vitesse de lecture
Limiter et faciliter la saisie d’information (langage écrit)
  • Complétion automatique (RGAA 11.13)
  • Indulgence aux fautes d’orthographe, par exemple dans les algorithmes de recherche

Perception et reconnaissance

Que faire ?

Expliciter le sens des éléments visuels
  • Donner des labels aux composants de l’interface et icônes (Facilité par WCAG 1.3.6)
  • Ne pas véhiculer d’informations par la couleur (RGAA 3.1)
Proposer des alternatives aux tâches d’identification
Proposer des contrastes suffisants

Les praxies

Le praxies est l’exécution de mouvements ou séquences de mouvements volontaires.

Que faire ?

Proposer des alternatives aux gestes complexes (RGAA 13.10)
Faciliter la personnalisation de l’interface
  • Modification des paramètres de présentation des textes (interlignage – RGAA 10.12, polices spécifiques)
  • Faciliter l’application de thèmes de couleur (thèmes sombres, à moindre saturation des couleurs – RGAA 10.1)
Proposer une alternative textuelle aux images, graphiques, tableaux (RGAA 1.1, 5.1 partiellement)
Éviter les animations (RGAA 13.8), les changements de couleur

Des pistes d’exploration pour les WCAG 3.0

  • Pas de tests cognitifs
  • Pas de mémorisation

Faire en sorte que les fonctionnalités, comme la connexion, l’authentification ne soient pas dépendantes de tests cognitifs, comme des puzzles ou des tâches de calculs.

Et faire en sorte que les fonctionnalités ou la consultation du contenu ne requièrent pas de mémorisation, les tâches doivent pouvoir être complétées sans mémorisation, sans rappel d’information des étapes précédentes.